1. JUSTIFICATION DE L’ÉTUDE
Des informations de qualité sur la nutrition maternelle et les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) sont importantes pour améliorer l’état nutritionnel et sanitaire durant la fenêtre d’opportunité des 1000 premiers jours. Il est particulièrement important de connaitre les pratiques et comportements et autres facteurs associés ancrés dans les conditions socio-économiques et culturelles des ménages et communautés. Une étude qualitative est donc nécessaire pour compléter les informations quantitatives existantes sur les pratiques d’alimentation des nourrissons et jeunes enfants et des femmes, telles que perçues par les parents, familles et leaders d’opinion afin d’identifier les barrières et facteurs favorisant l’adoption des pratiques recommandées au niveau national et international.
Les facteurs explicatifs des changements rapides observés sur les indicateurs ANJE dans le cadre du projet dans les 8 districts d’intervention méritent une compréhension approfondie dans le but de permettre la mise à échelle des interventions ANJE. La situation de persistance d’un nombre élevé d’enfants MAS prises en charge dans la zone du projet mérite aussi d’être investiguée, de même que la faible proportion des femmes enceintes qui ont bénéficié du fer folate pendant quatre mois.
2. OBJECTIFS DE L’EVALUATION ET RESULTATS ATTENDUS
L’objectif principal de cette étude formative est (i) d’identifier les facteurs socio-culturels et programmatiques limitant ou favorisant l’adhésion aux pratiques / comportements optimaux de nutrition des mères, nourrissons et jeunes enfants, et (ii) améliorer la qualité des interventions ANJE et supplémentation en fer acide folique aux femmes enceintes, notamment à travers des approches de changements de comportement adaptées au contexte du Niger.
3. RÉSULTATS ATTENDUS
Les résultats attendus sont :
1. Une analyse socio-anthropologique des facteurs liés aux déviations des comportements nutritionnels des mères, nourrissons et jeunes enfants par rapport aux recommandations adéquates ANJE et de nutrition des femmes enceintes et des mères. Cette analyse devra être représentative du niveau national et prendre en compte les différences entre les régions, entre le milieu urbain rural, groupes socio-économiques, de genre, ethniques, etc.)
2. Une évaluation de l’efficacité des services ANJE sur l’état nutritionnel des enfants de moins de 3 ans reportés comme nourris de façon optimale, et des interventions en faveur de la supplémentation en fer acide folique des femmes enceintes, dans les 8 districts sanitaires ciblés. Elle comprendra :
i) une analyse critique des résultats liés aux interventions ANJE (y compris l’utilisation adéquate des poudres à base de multi-micronutriments pour améliorer l’alimentation de complément) et à la supplémentation en fer folate aux femmes enceintes ;
ii) une analyse critique du nombre d’enfants reportés traités pour la malnutrition aigüe-sévère dans les 8 districts ciblés et des facteurs explicatifs potentiels (adhésion au protocole de prise en charge, double-comptage, problèmes liés aux outils d’enquête, etc.) ;
iii) Une analyse des facteurs explicatifs de la malnutrition aigüe-sévère chez les enfants de moins de deux ans admis dans les programmes PCIMA ayant bénéficié des interventions ANJE dans les 8 districts ciblés.
iv) une analyse de la pertinence, efficacité, efficience et durabilité des modalités de mise en œuvre des interventions ANJE dans les communes des 8 districts ciblés, notamment les contributions des réseaux communautaires (relais et groupes de soutien), des ONG partenaires des communes, du personnel dans les centres de santé, et des interventions d’appui mises en place (formation, réunions de coordination, supervisions régulières, appui aux stratégies foraines, organisation des mini campagnes de distribution des MNPs, les activités de communication au niveau communautaire et dans les ménages, etc.)
v) Trois études de cas sur :
(1) la contribution du travail des relais communautaires dans l’amélioration des indicateurs ANJE;
(2) les facteurs de succès du travail des groupes de soutien à l’ANJE (nombre, genre, régularité de rencontre, encadrement, etc.);
(3) la qualité et couverture du programme de fortification des aliments à domicile.
4. ORIENTATIONS MÉTHODOLOGIQUES
Il sera fait recours à une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives incluant : revue documentaire, discussions de groupes, entretiens individuels, analyse des données programmatiques (registres, données administratives, rapports d’activités de l’UNICEF et des ONG), analyse des données d’enquête LQAS, observations directes sur les sites d’intervention. L’exercice d’évaluation formative dans les huit districts sanitaires se basera sur quatre critères d’évaluation standards définis par l’OCDE/CAD, à savoir la pertinence, l’efficacité, l’efficience, et la durabilité. Les questions d’évaluation ont été adaptées en fonction de ces critères.
Toutes ces informations combinées permettront d’apporter des réponses aux questions et critères d’évaluation ci-dessus décrits. La méthodologie devra toutefois être en ligne avec l’approche basée sur les droits humains, le genre et l’approche d’équité:
Les consultants exploreront la faisabilité d’une méthodologie permettant d’apprécier la contribution directe des interventions du projet aux changements de comportement observés à travers une comparaison des zone d’intervention, avec la situation dans une commune n’ayant pas bénéficié de ces interventions ANJE. En particulier, les prestataires pourront apprécier la possibilité de regrouper les districts sanitaires selon le type d’interventions menées : ANJE+PFE; PFE seulement sans ANJE, ANJE sans mise en place des GSANJE, ANJE avec ou sans appui d’une ONG, etc.
5. QUESTIONS SPECIFIQUES LIEES A L’EVALUATION FORMATIVE DANS LES 8 DISTRICTS SANITAIRES
Pertinence
a) Dans quelle mesure les interventions sont-elles complémentaires et coordonnées avec les stratégies et programmes mis en place par le gouvernement et partenaires de développement dans le cadre de la politique de développement sanitaire 2016-2020, la politique nationale de sécurité nutritionnelle 2016-2020 et la stratégie nationale d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant? Ou recommandations globales?
b) Dans quelle mesure les interventions et les stratégies utilisées répondent-elles aux préoccupations des communautés des zones ciblées?
Efficacité
c) Dans quelle mesure les structures de prestation de services atteignent-elles les groupes ciblées par les interventions : (i) quelles sont les principales contraintes relatives à l'offre d’une part et à la demande d’autre part, (ii) quels sont les facteurs de succès et/ou d’échec ?
d) Dans quelle mesure les données des indicateurs dans les deux rapports de l’enquête LQAS 2015 à 2017, notamment relatifs à l’ANJE en tant que partie des PFE reflètent-elles bien les changements observés au sein des communautés et ménages?
e) Quels facteurs influencent les progrès dans les indicateurs liés à la continuité de la supplémentation en fer acide folique chez la femme enceinte ?
f) Quels facteurs (canal de transmission des connaissances, activités des relais communautaires, les groupes de soutien à l’ANJE, facteurs socio-culturels liés aux populations etc.) sont liés aux changements observés dans les connaissances et les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant?
g) Quelle a été l’effet des interventions de prévention mises en œuvre sur la proportion des enfants malnutris? Y a-t-il eu une diminution du nombre d’enfants MAS dans la zone d’intervention ou pas?
Efficience
h) Dans quelle mesure les ressources financières et humaines disponibles répondent-elles de façon efficiente à l’impératif d’atteinte des résultats ANJE tout en renforçant les capacités des acteurs ?
Pérennité
i) Dans quelle mesure les activités ANJE étaient-elle mises en œuvre au niveau communautaire (analyse des réseaux communautaires par commune et partenaire);
j) Quelles sont les dynamiques communautaires et les groupes influents ayant pu jouer un rôle clé dans ces changements?
k) Dans quelle mesure les partenaires y compris les membres des communautés s’approprient-ils la vision, les méthodes de travail ainsi que les approches du projet?
l) Dans quelle mesure le projet s’appuie-t-il sur des procédures adaptées pour appuyer les partenaires et assurer un transfert des compétences à différents niveaux, permettant ainsi l’appropriation des acquis?
N.B. : Ces questions spécifiques se rapportent plus à l’évaluation formative et moins à l’étude socio-anthropologique qui est plutôt générale.